Le projet Terre de pommes

Terres de pommes

Ils ont servis toute une vie à rassembler des  pommes à cidre ; des rambault, des rouge duret, des mettais, des saint Martin… dans les vergers de la ferme.

Les sacs sont marqués d’initiales, personnalisés, rassemblés, on ne les mélange pas, on les récupère.

Ils ont servis jusqu’à la corde, réparés, rapiécés avec des gros fils, ils ont vu passer des tonnes de fruits, des saisons, des années. Ils sont reprisés à la hâte, ça doit encore durer, les morceaux de culotte de monsieur, les morceaux de drap de madame en témoignent.

Ils sont les restes d’une pratique ancestrale, désuète, peu rentable, vidée de sens aujourd’hui , ils deviennent des totems, des stèles, un signe à ce travail disparu.

Les arbres aux fruits défendus avaient donnés plus que de raison, la terre, l’eau, le vent, les intempéries, avaient eu raison d’eux, ne restaient que des ruines, ruines d’une économie de subsistance disparue elle aussi.

En voulant croquer la pomme de la connaissance (malus ) la discorde était venue, il fallait depuis réparer cet état de fait, pour tenter de retrouver l’état originel idéalisé…l’Eden dans la mémoire collective. C’est un travail énorme, impossible, sans cesse à recommencer tel Sisyphe qui remonte inlassablement  sa pierre….En pensant à ces pommes absentes, j’ai recherché intuitivement, ce petit bout de paradis perdu, cette terre de pommes toujours chère à mon cœur.

Terre de Pommes ou Un paradis perdu…

Brigitte Bourdon

avec la complicité de Léo Taulelle, 2016 

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